jeudi 14 février 2008

Redémarrage !

Alors que le vent est enfin rentré, Groupama 3 a dépassé le deuxième point mythique d'un tour du monde, le cap Leeuwin au sud-ouest de l'Australie. Une grosse dépression qui arrive par derrière devrait propulser le trimaran géant jusqu'en Nouvelle-Zélande, mais l'équipage va subir des vents violents et incurver de nouveau sa route vers le nord-est...



Le cap Leeuwin a finalement été franchi (longitude 115° 08 Est) ce jeudi à 10h51 (heure française) : Franck Cammas et ses neuf équipiers établissent ainsi un nouveau temps de référence entre Ouessant et la pointe Sud-Ouest de l'Australie, en 21 jours 02 heures 43 secondes. Ils améliorent de onze heures six minutes le chrono détenu depuis 2005 par Bruno Peyron et ses hommes. Mais cette partie de l'océan Indien marque tout de même une perte sèche de près d'une demie journée sur le temps qu'avait établi Orange II entre le cap des Aiguilles et le cap australien (7j 05h 35'). Groupama 3 a en effet parcouru ces plus de 3 800 milles en 7 jours 17 heures 13 minutes. Toutefois, Franck Cammas et son équipage conservent encore douze heures d'avance sur le maxi catamaran à deux jours de la mi-parcours...

« C'est assez long, un tour du monde ! La mer n'est pas si petite que ça... Et le Sud ne nous a pas réservé de bonnes conditions de glisse. La route est longue et c'est fabuleux de venir ici voir les paysages et les couleurs : il y a la lune qui est en train de réapparaître et cela va être plus sympa même si les nuits sont courtes. On pense souvent à la montagne... » répondait Franck Cammas à Antoine Denériaz, le skieur médaillé olympique en descente venu assister à la vacation radio de ce jeudi midi en compagnie de Paul le Guen, l'entraîneur du Paris Saint-Germain. « Le bateau va vite et on essaye de l'emmener au bon endroit, ce qui n'est pas toujours évident... Le vent de sud-ouest est rentré depuis six heures maintenant car ces dernières 24 heures nous avons butté sur l'arrière d'un front froid sans possibilité de franchir cette barrière ! En attendant qu'il se désagrège, nous en profitons pour descendre dans le Sud et une dépression arrive par derrière. Nous allons viser le Sud de la Nouvelle-Zélande. »

La plus petite journée du tour !

Paradoxe de cet étonnant tour du monde qui semble inverser le temps : alors que Groupama 3 naviguait ce jeudi jusqu'à 54° Sud, la position la plus extrême du trimaran géant depuis le départ de Ouessant, il ne cumulait que 388,7 milles à 8h TU sur les dernières 24 heures... Une moyenne de seize noeuds qui ne reflète pas vraiment le potentiel du bateau ! Se retrouver dans des calmes méditerranéens en effleurant l'Antarctique est pour le moins surprenant. D'autant plus que cette situation météorologique n'est pas prête de se stabiliser ! Car après cet intermède indien, la brise va souffler violemment du Sud, imposant à Franck Cammas et à ses neuf équipiers de remonter vers la Tasmanie... Plus de route donc pour faire le tour de l'Antarctique, mais aussi plus de mer car la houle va se former et se durcir au fil des heures.

Sylvain Mondon de Météo France était assez réservé sur la suite car une dépression tropicale s'est installée à l'Est de la Nouvelle-Zélande et pourrait bien descendre pour se combiner avec la perturbation qui pousse depuis quelques heures Groupama 3. Il en suivrait des vents de 60 à 80 noeuds, des vagues de plus de dix mètres ! Des conditions qui ne permettraient plus d'exploiter le potentiel d'un multicoque, fusse-t-il un trimaran géant. Encore une fois, cela se jouera à quelques heures près et la trajectoire du bateau qui doit déjà s'incurver sensiblement vers la mer de Tasmanie, pourrait monter encore plus au Nord après l'île Stewart. Un lieu que connaît bien le navigateur Yves Parlier puisque c'est là qu'il avait fait escale pour réparer son mât avant de boucler le Vendée Globe 2000... Ce redémarrage de Groupama 3 doit donc être pondéré par l'incertitude partielle qui règne encore sur l'évolution de la météo à trois jours, lorsque Franck Cammas et ses hommes auront effectué la moitié de ce tour du monde !

( article : site Franck Cammas, Groupama 3 )

1 commentaire:

Stolvezen a dit…

ça redémarre peut-être pour le Groupama, mais nous, on reste sur le carreau alors que pourtant les vents soufflent.
Et tu te plains, mon Coeur. Vivement que le vent virtuel pousse nos virtuelles montures des mers à la poursuite du trimaran vert.