vendredi 4 janvier 2008

Géant des Mers


Trimaran Groupama 3 :
La machine à réduire le temps
En imaginant Groupama 3, Franck Cammas et son équipe ont pris en compte les différentes approches de leurs prédécesseurs. En effet, les principaux records réalisés sur l'Atlantique ou autour du monde depuis Eric Tabarly en 1980, ont généré des concepts radicalement différents, voir opposés.
Dans un premier temps, les multicoques existants (Poulain, Formule Tag, Jet Services V) furent plus ou moins modifiés pour s'adapter à ces sprints, mais les skippers durent aussi prendre en compte le fait que le temps en mer et les conditions de navigation n'étaient pas les mêmes sur l'Atlantique pendant une semaine, et autour du monde pendant 80 jours... D'où la naissance d'une deuxième génération de multicoques plus spécialisés pour les records océaniques du troisième millénaire : Cheyenne, Orange, Geronimo.
Mais la problématique du Trophée Jules Verne imposa ensuite une nouvelle réflexion quatre ans plus tard : dans un premier temps, les plus gros gains de temps avaient été effectués en Atlantique, lors de la descente et pendant la remontée. Pour battre de nouveau le record, il fallait donc améliorer les performances dans les mers du Sud : ce fut la démarche de Bruno Peyron avec son catamaran géant qui grignota près de quatre jours entre Bonne Espérance et le cap Horn. Mais si Orange II (36,80 mètres) est redoutable dans la mer formée, il peine dans les petits airs et les brises modérées. Franck Cammas et son équipe ont donc abordé le Trophée Jules Verne 2007 avec une démarche totalement différente : il faut aller presque aussi vite dans le gros temps et être plus à l'aise dans les vents faibles à modérés qui ne manquent pas de parsemer ce parcours de plus de 26 000 milles sur l'eau...
Groupama 3, multicoque de « seulement » 31,50 mètres, innove en effet par son concept plus inspiré des trimarans Orma de 60 pieds que des géants précédents, plutôt lourds et imaginés pour les tempêtes du Grand Sud. Léger, mais modérément toilé, doté d'un cockpit ouvert et d'un plan de pont très aéré, sobre voir spartiate dans ses aménagements intérieurs, le nouveau bateau de Franck Cammas détonne par rapport au catamaran référence... Mais sa tournée atlantique victorieuse confirme qu'il est actuellement le plus rapide des prétendants au Trophée Jules Verne en dessous de vingt noeuds de vent : intouchable au près, constant au vent de travers, capable de descendre très bas au portant quand la mer reste maniable. Or sur un tour du monde, les conditions de navigation ne sont habituellement très dures que pendant moins de 20% du parcours ! C'est donc sur les 80% restant que Groupama 3 vise à gagner des heures qui, cumulées, feront des jours...


1 commentaire:

Stolvezen a dit…

Intéressant tout ça. C'est vrai que cela doit être extrêmement difficile de concevoir un bateau aussi à l'aise dans les tempêtes que dans les calmes plats, aussi rapide au près qu'au portant.

Le bateau ne cependant fait pas tout, il faut avoir aussi le courage de s'élancer pour un tour du monde en solitaire. Les Géants des mers sont peut-être des machines à réduire le temps, ils ne le supprime pas.
Bon courage à tous les solitaire et bons vents à eux :)